Les peintres du moyen âge occidental ont cherché, en vain, le moyen de fixer durablement leurs pigments sur leur panneau de chêne ou de tilleul tout en obtenant durablement les effets de transparence et de brillance.
Las, le liant utilisé était l’œuf. Pauvre matière qui ne parvenait pas à supprimer cet aspect de terre sèche à une peinture qui, malgré l’habileté de la réalisation, était loin de satisfaire l’ambition des artistes.
Vinrent les marchands hollandais. De leurs comptoirs en Chine ils rapportèrent les fameuses laques chinoises. C’était le déclic. Les peintres hollandais s’emparent de l’idée géniale : mêler aux pigments de la résine végétale. Après dissolution, cette dernière prend l’aspect laqué qui faisait tant défaut à la peinture du moyen-âge.
Dès lors, les pionniers de la peinture hollandaise tentent la dissolution des résines issues d'arbres européens pour l’incorporer à leurs pigments. Ils garderont jalousement leur secret qui ne se diffusera pas au delà de la Belgique , de l'allemagne et du nord de la France.
Les peintres italiens, espagnols et russes resteront en marge de cette révolution qui eut donné à leur matière l’aspect d’une coulée d’émail permettant de figurer les transparences des cristaux comme la délicatesse d’un pétale d’iris ou le velouté d’une rose.
De maître à élève, cette belle technique se transmettra jusqu’à la fin du 17ème siècle. Puis, progressivement, le secret se perdra laissant les peintres hollandais du 18ème siècle eux-mêmes, orphelins de ces effets merveilleux. Faute d’écrits, rien ne parviendra jusqu’à nos jours.
J’ai repris le problème à son énoncé et je me suis replacé dans les conditions de mes vieux maîtres. C’est ainsi que j’ai retrouvé leurs secrets ou une partie des leurs, collectant et dissolvant les résines végétales des essences européennes, africaines et même l’ambre de la Baltique.
Je cuis mes huiles selon les recettes de Pacheco et de Palomino et je broie mes pigments issus de pierres dures (Lapis Lazuli, Atacamite, Malachite, Azurite ……)
C’est une recherche sans fin et un plaisir sans cesse renouvelé. Chaque pierre donne sa couleur, chaque résine ses effets de transparence et de luminescence. Dix vies ne suffiraient pas à venir à bout de cet enchantement. Vous qui regardez ma peinture, n’y cherchez aucun message, elle se comprend par le seul plaisir égoïste de peindre.
L’écriture est ancienne, le texte est actuel et la joie de la réalisation éternelle. Que sa lecture vous donne autant de plaisir que j’en ai eu à l’écrire.
Lilla Duva
Heir to the Renaissance
The Western European painters of the Middle Ages searched in vain a way to adhere pigments to their wooden panels all while durably obtaining the effects of transparence and brilliance.
The binder of choice was egg. A poor material that didn’t succeed in removing the aspect of dried clay in a painting that despite the skill of the realization was far from satisfying the ambition of the artists.
Enter the dutch merchants. From their suppliers in China they brought the famous Chinese enamels. This was the catch. The Dutch painters seized the brilliant idea: mix plant resin with the pigments. After dissolution, the mixture takes on a lacquered aspect which showed many defects of the painting of the Middle Ages.
Consequently, the pioneers of dutch painting attempted the dissolution of the resins extracted from local trees to incorporate in their pigments. They would jealously guard their secret which would not be diffused beyond that of Belgium ,germany and northern France.
The Italian, Spanish and Russian painters would stay in the margin of this revolution which gave their medium an aspect of flowing enamel allowing to appear the transparencies of the crystals like the delicacy of a petal of iris or the velvety one of a rose.
From master to student, this beautiful technique would be transmitted until the end of the 17th century. Then, progressively, the secrecy will be lost leaving the Dutch painters of the 18th century themselves, orphan of these marvellous effects. For lack of writings, nothing will arrive until our days
I took again the problem with its statement and I replaced myself under the conditions of my old Masters. Thus I found their secrecies or a part of them, collecting and dissolving the plant resins of the European, and African trees, even amber from the Baltic.
I cook my oils according to the recipes of Pacheco and of Palomino and I crush my pigments extracted from hard stones (Lapis lazuli Lazuli, Atacamite, Malachite, Azurite ......)
It is a search without end and an unceasingly renewed pleasure. Each stone gives its color, each resin its effects of transparency and luminescence. Ten lives would not be enough to come to end to this enchantment. You who look at my painting, seek there no message. It is understood only by the egoistic pleasure to paint.
The writing is old, the text is current and the joy of the eternal realization. That its reading gives you as much pleasure as I had of writing it.